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Les militaires et services de renseignement se mobilisent contre la réforme judiciaire du gouvernement Netanyahou
Des centaines de réservistes appartenant aux forces de sécurité d’Israël – unités de renseignements cyber, armée de l’air, marine et Shin Bet (renseignement intérieur) – ainsi que 400 officiers de l’armée, dont certains ont dirigé le Mossad (renseignement extérieur), se sont mobilisés contre la réforme judiciaire du gouvernement Netanyahou. Cette réforme vise à limiter la possibilité pour la Cour suprême d’invalider les lois et donnerait à la coalition politique majoritaire le pouvoir de nommer les juges. Des marins réservistes ont bloqué le port de Haïfa pour manifester leur mécontentement.
Une lettre des vétérans du commando d’Entebbe dénonce la réforme
Les vétérans du commando d’Entebbe, qui en 1976 participaient au sauvetage de 98 otages, ont également écrit une lettre dénonçant la réforme judiciaire. Dans cette lettre, ils font référence à Yoni Netanyahou, le frère du Premier ministre, qui s’est sciemment sacrifié pour l’État d’Israël et le peuple d’Israël. Ils accusent ensuite le Premier ministre de sacrifier sciemment l’État d’Israël et le peuple d’Israël pour ses propres intérêts, en référence aux accusations de corruption, fraude et abus de confiance qui pèsent sur lui.
Les anciens collaborateurs du Premier ministre s’expriment
Certains ont déjà critiqué le Premier ministre depuis longtemps, mais d’autres ont été ses proches collaborateurs et même nommés par lui. Ephraïm Halévy, chef du Mossad, a déclaré sur CNN : ‘J’en suis peiné, mais je ne peux pas accepter qu’il continue à diriger le pays’ et les réservistes ‘ont toutes les raisons de refuser de servir.’ Jacques Neriah, ancien officier du renseignement militaire et conseiller diplomatique du Premier ministre Itzhak Rabin, a souligné que l’armée israélienne est l’armée du peuple et que le refus de certains réservistes de servir peut aboutir à une crise existentielle au sein de l’armée.
Un chantage militaire pour convaincre Netanyahou?
Les soldats israéliens ont déjà fait pression sur leur hiérarchie ou sur les politiques par le passé, et généralement, ils sont parvenus à leurs fins. Cela a été le cas durant la seconde Intifada, au début des années 2000. Oudi Lebel, spécialiste des relations civiles-militaires à l’université Bar Ilan, a souligné que c’est la première fois que cela n’a pas pour objet d’influencer la politique sécuritaire. Selon lui, cette pression peut être la seule à pouvoir convaincre Netanyahou de suspendre sa réforme.
Catherine Dupeyron – Correspondante à Jérusalem