Une enquête menée par deux chercheurs révèle la première estimation du revenu des parlementaires français entre 1914 et 2020.
Les députés se trouvent toujours aux sommets de l’échelle des salaires, mais leur revenu a connu une baisse au cours des années 2000. Selon une étude réalisée par le sociologue Etienne Ollion et le juriste Eric Buge, publiée dans Les Annales et une note de l’Institut des politiques publiques (PDF), les parlementaires font aujourd’hui partie des 3% des Français les mieux payés, alors qu’ils faisaient partie des 1% les plus favorisés il y a une vingtaine d’années.
Depuis le 1er juillet 2022, députés et sénateurs perçoivent une indemnité mensuelle de 7 493 euros brut, en ligne avec le traitement des très hauts fonctionnaires du Conseil d’Etat. Selon le site internet de l’Assemblée nationale, cette somme est ‘le prix de l’indépendance et de la dignité de la fonction’.
Une baisse des revenus depuis les années 2000
‘L’indemnité parlementaire a fait l’objet de critiques régulières’ depuis son instauration en 1789, selon Etienne Ollion et Eric Buge dans leur étude. Les auteurs ont estimé la ‘rémunération réelle’ des députés depuis 1914, en déduisant les frais liés au mandat (permanence parlementaire, collaborateurs…). Au cours du XXe siècle, ce niveau réel a atteint entre 3 et 5 fois le salaire ouvrier moyen. Et entre 1945 et la fin des années 1990, l’indemnité parlementaire a placé les parlementaires parmi les 1% de Français les plus rémunérés.
Les revalorisations du point de la fonction publique ont contribué à la hausse de cette rémunération jusqu’aux années 1960. Puis l’Assemblée a progressivement pris en charge des frais, entraînant une augmentation indirecte du revenu des députés. Cependant, à partir des années 2000, ce revenu a connu ‘une baisse significative’, qui a fait reculer les parlementaires du rang des 1% des Français les mieux payés, selon les auteurs de l’étude. En effet, la rémunération est désormais ‘liée au point d’indice (des fonctionnaires) uniquement, sans possibilité d’une prise en charge supplémentaire de leurs dépenses’. De plus, le non-cumul des mandats depuis 2017 a limité d’autres sources de revenus.